Le sujet du test du slip comme indicateur de l’activité biologique du sol a récemment été largement abordé par les plateformes spécialisées, mais aussi par les médias grand public. Il s’agit d’enterrer un slip, non pas pour le cultiver évidemment, mais pour en apprendre plus sur l’activité du sol. Si l’outil n’est pas scientifiquement orthodoxe, il a un fort potentiel didactique, et peut donc être utilisé tant à des fins agricoles que dans le cadre privé.
Il nous parle de quoi ce slip?
Le test du slip donne l’occasion de réfléchir aux différents facteurs d’influence de la fertilité du sol: dans cette expérience, le coton du slip est dégradé par les mêmes micro-organismes qui se nourrissent de la matière organique du sol, principalement les bactéries et les champignons. Dans un gramme de sol, on peut en effet retrouver plus d’un milliard de bactéries et cinq kilomètres de mycélium de champignons. Le coton étant constitué à 95% de cellulose, laquelle est très bien décomposée par les bactéries du sol, sa dégradation rend ainsi visible à l’œil nu l’activité de ces micro-organismes.
Mise en place du test du slip: mode d’emploi
- Utiliser un slip 100% coton, blanc et de qualité bio
- Creuser une petite tranchée, en perturbant le moins possible la structure du sol
- Placer le slip verticalement, avec l’élastique qui dépasse du sol
- Refermer, toujours en ménageant le sol, et placer un indicateur pour retrouver facilement l’endroit
- Après environ deux mois, déterrer le slip et observer la dégradation
Le conseil du professionnel: l’activité biologique du sol étant intense au printemps, cette période est la plus propice à l’expérience.
comment on décode les résultats?
Une fois l’expérience terminée, il s’agit de réussir à déterminer les raisons de son état de dégradation, car les influences sur l’activité biologique du sol sont multifactorielles, et une faible activité ne veut pas forcément dire que la population de micro-organismes est réduite.
Lorsque le slip est déterré, il faut être attentif à l’odeur du sol et à la présence ou non de vers de terre. Une forte décomposition du slip démontre d’une activité biologique intense du sol. Celle-ci peut être favorisée par divers facteurs, comme un travail réduit du sol, ou encore ponctuellement boostée par un apport d’engrais.
Un coton pas ou peu dégradé est souvent le résultat de facteurs d’influence indépendants du vivant (température et pluviométrie, humidité du sol, pH, outils de travail du sol, etc.) qui peuvent avoir eu un effet négatif direct sur l’activité des micro-organismes, même s’ils sont peut-être bel et bien présents dans le sol.
Si ce test n’apporte aucun éclairage, il ne faut pas hésiter à reconduire l’exercice. Une comparaison sur le même terrain, à un autre endroit et durant une autre période, peut amener des réponses ou conduire à des résultats différents.
Et pourquoi c’est important un sol en bonne santé?
Saviez-vous que quelque deux tiers des organismes vivent sous terre? Incontestablement, le sol est support de vie, puisqu’il leur sert d’habitat. Sans compter qu’il filtre et stocke l’eau, capte la chaleur du soleil et régule la température. Le sol est donc une ressource précieuse que l’on se doit de choyer.
Dans un gramme de sol, on peut retrouver plus d’un milliard de bactéries et cinq kilomètres de mycélium de champignons.
En plus, le sol a la formidable capacité de stocker une quantité gigantesque de carbone, et notamment le CO2 atmosphérique issu de la combustion des énergies fossiles. Si bien que certains, comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), affirment que le sol est une ressource essentielle pour la régulation du climat.
Le composant du sol qui a ce super-pouvoir, c’est l’humus. Il est le produit de la décomposition de matière organique, par les micro-organismes justement. Ainsi, pour augmenter la capacité à séquestrer le carbone, les taux de matière organique des sols devraient augmenter.
En agriculture, l’augmentation des taux de matière organique est notamment favorisée par des techniques telle l’agriculture de conservation. Celle-ci tendant à limiter le travail du sol pour en préserver la fertilité, elle réduit par ailleurs du même coup les émissions de CO2 des tracteurs.
Alors, si on plantait un slip dans le jardin?