Petit point économique et financier pour mieux comprendre sur quoi repose le revenu agricole en Suisse. Il s’établit en fonction des biens produits sur l’exploitation et des prestations fournies pour l’intérêt général. Bien que globalement à la hausse, il reste en dessous de la moyenne suisse pour les emplois des secteurs secondaire et tertiaire.
Vue d’ensemble
Après déduction des intérêts des capitaux engagés dans l’exploitation, une personne active à plein temps dans l’agriculture gagne, selon la moyenne suisse en 2020, un revenu de 58’600 francs (4’880 francs par mois). Il faut savoir que les exploitations suisses sont catégorisées en trois régions (plaine, colline et montagne) et que les revenus mensuels fluctuent en fonction. Cela varie entre 75’100 francs en plaine, 53’000 francs dans les régions de collines, et 42’200 francs en montagne.
Pourquoi ces différences? En montagne par exemple, il est plus difficile d’entretenir le sol de par sa nature pentue. Cela nécessite notamment l’achat de machines onéreuses. Le travail agricole est plus lent que sur une surface plate, ce qui se traduit par des rendements inférieurs à l’hectare. Une autre explication est aussi la météo spécifique aux régions de montagne, qui offre de moins bonnes conditions de développement des cultures: saison plus courte, climat moins chaud, etc.
les charges de l’exploitation
Derrière chaque exploitation se cachent de nombreuses dépenses qui viennent diminuer le revenu à disposition des paysannes et paysans. Ces charges sont constituées:
- d’intérêts des dettes, très importantes dans l’agriculture;
- du coût des intrants (semences, aliments pour le bétail, vétérinaire, travaux de tiers, etc.);
- du coût d’entretien et d’amortissement des machines et des vastes bâtiments, des frais d’assurances.
Ces charges absorbent la grande partie du rendement brut. Le montant restant, sans les travaux exécutés à l’extérieur du domaine agricole, constitue le revenu agricole cité ci-dessus. Les coûts d’exploitation constituent un problème majeur de l’agriculture suisse et ce n’est pas la fusion d’exploitations qui permettra de résoudre ce problème.
La vente des produits de la ferme
Mais alors comment l’agriculture gagne de l’argent? Qu’il s’agisse de vente directe, de vente à des entreprises de transformation ou de vente à des grandes surfaces, les agricultrices et agriculteurs gagnent la majorité de leurs revenus grâce à ces transactions. En tout temps, le salaire paysan est ainsi influencé par l’offre et la demande du marché. L’année 2020 a globalement été une meilleure année que la précédente pour les raisons suivantes: la poursuite du redressement du marché porcin (la viande préférée des Suisses!), l’augmentation de la demande de produits suisses liée à la crise de la COVID-19 et les bonnes conditions météorologiques pour la production végétale.
Les prestations d’utilité publique
La vente de produits alimentaires ne suffit souvent pas à assurer un revenu convenable à la famille. Nombre d’entre elles sont obligées de chercher des revenus accessoires hors agriculture, par exemple dans le tourisme, le bûcheronnage ou d’autres secteurs économiques. Ces revenus extra-agricoles s’élèvent en moyenne à 33’700 francs par an par famille en 2020.
D’autre part, les paysans contribuent à la sauvegarde du commerce local et au maintien d’une activité économique hors des grands centres urbains. Ils sont ainsi des partenaires des artisans, que ce soit les bouchers, boulangers, restaurateurs, charpentiers, menuisiers, mécaniciens, etc.
Les paiements directs
En complément s’ajoutent les paiements directs qui rétribuent les prestations et biens publics fournis par l’agriculture. Seules les exploitations répondant aux exigences de la Confédération se verront octroyer des paiements directs par celle-ci. Parmi ces exigences, on compte par exemple la nécessité pour l’agricultrice ou l’agriculteur d’être au bénéficie d’une formation agricole reconnue, mais pas que… Rappelons ici que l’Article 104 de la Constitution précise que l’agriculture suisse doit certes être compétitive, mais doit également encourager les formes d’exploitation en accord avec la nature, l’environnement et les animaux. Ces prestations concernent donc: l’entretien du paysage, une détention respectueuse des animaux et la préservation de l’environnement par un type d’agriculture durable. Sans implémentation de solutions répondant directement à cela, aucun soutien de la Confédération ne sera possible ce qui réduira considérablement le revenu de l’exploitante ou l’exploitant.