La cohabitation entre l’agriculture et la faune repose sur un équilibre fragile. Sangliers, corvidés, cerfs et blaireaux peuvent causer des dégâts importants aux cultures. Afin de soutenir les familles paysannes face à cette problématique, le canton de Vaud a intronisé des systèmes d’indemnisation. Il encourage également la mise en place de mesures préventives. Il utilise la régulation contrôler le développement des populations et garder la maîtrise sur les coûts. Exemple avec le plan de gestion du sanglier.
Contexte général en Suisse
Le sanglier se plaît en Suisse. Il s’agit de l’espèce sauvage ayant connu la plus forte expansion durant ces vingt dernières années sur notre territoire ainsi que dans les pays limitrophes. Cette évolution s’explique par différents facteurs: une capacité d’adaptation élevée dans des habitats très variés, un régime alimentaire de type omnivore offrant une nourriture abondante toute l’année et l’absence de prédateurs naturels. L’accroissement exponentiel de l’espèce a nécessité une augmentation du nombre de prélèvements. Alors que l’on comptait 60 sangliers tirés en 1970, leur nombre atteignait près de 9800 à la fin de l’exercice de chasse 2015-2016.
Cette progression engendre de nombreux problèmes, dont les dommages aux cultures. Mais la gestion de cette espèce sauvage ne concerne pas uniquement l’agriculture. Le sanglier cause aussi des dégradations aux propriétés privées, provoque des accidents de la route et augmente les risques sanitaires.
Développement dans le canton de Vaud
Depuis le début du XXIe siècle, les populations de sangliers se sont rapidement disséminées dans l’ensemble du canton, passant des zones de pâturage à l’ensemble du plateau, y compris aux abords des agglomérations. L’expansion de cette distribution a eu pour conséquence une forte augmentation des dégâts sur tout le territoire. Entre 2010 et 2020, les frais occasionnés ont été multipliés par cinq, passant de 280 000 francs à plus de 1,5 million. Cette espèce sauvage représente d’ailleurs une grande partie des dommages causés aux cultures, prairies et pâturages. En 2022, elle a occasionné pas moins de 80% des coûts de la faune au niveau cantonal.
Outre les pertes directes au niveau des récoltes et les dépenses pour la remise en état des parcelles, les sangliers peuvent aussi causer des dommages indirects aux conséquences parfois durables. On peut notamment citer la diminution de la qualité du fourrage qui se répercute sur la production de lait et la santé des animaux ou les dégâts au vignoble qui peuvent parfois se faire ressentir sur plusieurs années, avec des incidences sur la qualité des produits et leur commercialisation.
Plan de gestion cantonal
Afin de contrer cet essor, l’Etat de Vaud a élaboré un plan de gestion pour la période 2017-2021, qui a été prolongé jusqu’à la fin de l’année 2023. Celui-ci comporte deux objectifs principaux: diminuer les effectifs dans les zones à risque et stabiliser les populations en voie d’expansion dans le reste du territoire. Il a également pour but de renforcer d’une part, l’acceptation du sanglier dans le monde agricole et d’autre part, la nécessité de sa régulation pour la population et les gestionnaires de zones naturelles. Pour les atteindre, l’Etat a renforcé la collaboration entre ses services, les chasseurs et les agriculteurs.
Afin de limiter les dégâts aux cultures, le Canton encourage la mise en place de mesures efficaces de prévention par le biais de subventions. Dans les zones à risque, la pose de clôtures est obligatoire pour les cultures sensibles (pomme de terre, maïs, cultures maraîchères, etc.). En parallèle, une régulation efficace des effectifs est effectuée. L’application de ces moyens ne peut empêcher l’ensemble des dégâts du sanglier. C’est pourquoi l’Etat a développé une politique d’indemnisation qui permet d’assurer un dédommagement équitable. Ce plan de gestion doit permettre de réduire les frais induits par le sanglier, tout en permettant à l’espèce de conserver son système social caractéristique.
Des actions efficaces
Et bonne nouvelle, il commence à porter ses fruits! En effet, les dégâts ainsi que les coûts induits tendent à baisser depuis 2020. En deux ans, les frais d’indemnisation et de prévention ont diminué d’environ un tiers. «On a retrouvé un peu le contrôle. Mais ce n’est pas encore gagné. Donc nous allons maintenir la pression sur cette espèce. On va maintenir une pression de chasse et de régulation assez importante encore quelques années. Parce que l’espèce est tellement prolifique, tellement fertile que la situation peut se renverser en l’espace d’une année ou deux très rapidement» a confié Frédéric Hoffmann, chef de la section chasse, pêche et surveillance au sein de la Direction générale de l’environnement (DGE), à la RTS.
Pour plus d’informations sur les dommages causés par la faune dans le canton de Vaud, rendez-vous sur le site officiel de l’Etat.