La sécurité alimentaire est un sujet brûlant au niveau mondial. Comment nourrir neuf milliards d’êtres humains en 2050? De nombreuses pistes existent pour répondre à cette question. La Suisse peut contribuer à relever ce défi majeur de la société. Pour cela, elle devra encourager une agriculture productive et durable pour que les familles paysannes puissent remplir leur mission nourricière tout en prenant soin de l’environnement.
Dépendante de l’étranger
Ce dimanche 9 juillet 2023, la Suisse a statistiquement (d’après le volume total de la production 2021) consommé l’intégralité de sa production de denrées alimentaires locales. Cela signifie qu’elle dépend entièrement de l’étranger à partir du 10 juillet, déjà. Actuellement, plus de 50% des aliments vendus en Suisse proviennent de l’étranger. Cette situation a aussi un impact sur le climat, car cela signifie que la Suisse continue d’élever son empreinte carbone au-delà de ses frontières.
Ce chiffre alarmant est aggravé par un facteur: le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui encore, pas moins d’un tiers des denrées alimentaires sont jetées ou détruites en Suisse. Il existe donc un grand potentiel d’amélioration. L’agriculture est responsable de 9% de ces pertes, bien souvent contre son gré (marché, exigences, etc.). Toutefois, elle essaie de les limiter au maximum du semis jusqu’à la vente. Par exemple, les familles paysannes planifient leurs culture en fonction des besoins escomptés au moment de la récolte.
Situation mondiale préoccupante
L’accès à la nourriture ne représente actuellement pas un problème en Suisse. Ce n’est pas le cas dans le reste du monde. Depuis la pandémie et la guerre en Ukraine, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté sur la planète. Aujourd’hui, 828 millions d’êtres humains sont considérés comme sous-alimentés, ce qui engendre de plus en plus de conflits. Les pays en développement sont particulièrement touchés par ce fléau.
La croissance exponentielle de la population, la limitation des surfaces agricoles, la stagnation des rendements, les conséquences du réchauffement climatique et les tensions géopolitiques sont des facteurs qui accentuent cette problématique. Cela met de plus en plus l’objectif de «faim zéro» que l’Organisation des nations unies (ONU) s’était fixé d’ici 2030 en danger. Assurer l’approvisionnement alimentaire de la planète en quantité suffisante constitue l’un des enjeux majeurs de l’avenir.
Et en SUisse?
Même si la faim n’est pas un problème en Suisse, cela n’empêche pas que la sécurité alimentaire du pays d’être de plus en plus mise à mal. Tout comme à l’étranger, la surface agricole diminue. Entre 1985 et 2018, l’agriculture a perdu l’équivalent d’environ deux fois la superficie du lac Léman: dans les régions de basse altitude, au profit de nouvelles zones d’habitation, et en montagne, au profit de la forêt. Selon l’Office fédéral de la statistique, ces dernières années, une accélération de cette évolution est observée. De plus, les familles paysannes et leurs cultures sont de plus en plus impactées par les aléas climatiques.
Le 7 juillet 2023, lors d’une conférence de presse, IP-Suisse et l’Union suisse des paysans (USP) ont présenté comment la Suisse peut assumer ses responsabilités en matière de sécurité alimentaire indigène et mondiale. Pour les deux organisations, la production écologique et respectueuse des animaux doit être renforcée, notamment par le biais d’une plus-value sur les prix à la production. Elles estiment également que la politique agricole actuelle doit muer vers une politique alimentaire globale.
Zoom sur la sécurité alimentaire
Dans le but d’informer la population sur la thématique de la sécurité alimentaire, l’USP a publié un nouveau Zoom numérique. Nommée «Sécurité alimentaire: que mangent les presque neuf millions d’habitants de Suisse?», cette publication met en lumière la situation et les perspectives en matière d’alimentation, tant dans le monde qu’en Suisse.
Zoom numérique sur la sécurité alimentaire