Par Yann Huguelit
Directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture (CNAV)
Les systèmes de guidage des véhicules agricoles par GPS fleurissent dans les campagnes suisses. Ils ont pour vocation de faciliter le travail mécanique et présentent ainsi l’avantage de pouvoir réduire la consommation de carburant, la quantité de semences, d’engrais ou de produits phytosanitaires.
La symbiose entre le tracteur et la machine
Un système de géolocalisation permet de définir le positionnement du tracteur. Le niveau de précision de l’installation est défini selon le type d’exploitation, la technologie pouvant permettre un degré de précision jusqu’à deux centimètres. Ce système opère sur cette base une automatisation d’activation ou pas de la pompe à traiter, de la faucheuse, ou toute autre machine attelée au tracteur. À l’exemple d’un semoir, aucune graine ne sera distribuée si le tracteur passe par une zone déjà semée. Les champs n’étant presque jamais rectangulaires en Suisse, cette technique permet donc une économie de matière et évite tout surdosage.
Un investissement non négligeable
L’installation d’une technologie GPS embarquée exige plusieurs prérequis. En premier lieu, il est nécessaire que le véhicule agricole soit équipé d’un récepteur. Celui-ci, en forme de champignon, est monté sur le devant de la cabine du tracteur. Les autres éléments sont souvent intégrés à des équipements standards, à savoir un écran en cabine et un adaptateur dans le volant.
Une fois le tracteur équipé, une communication est nécessaire afin de constituer la connectivité avec l’outil attelé. C’est un protocole de communication appelé ISOBUS qui garantit la transmission électronique entre la machine, le tracteur et l’écran en cabine.
Cette technologie de pointe représente évidemment un coût pour les exploitations, de l’ordre de 20’000 francs en moyenne, nécessitant souvent une mutualisation du coût.
Est-ce vraiment un plus?
Le guidage GPS permet au chauffeur de se concentrer sur le travail de l’outil, avec un résultat répétable et constant, réduisant ainsi d’autant la fatigue. L’efficience est donc améliorée, tandis que les heures de travail deviennent moins pénibles.
L’optimisation des opérations répond aussi au besoin de précision des techniques mécaniques de désherbage, en fort développement ces dernières années. La maîtrise des herbes dans les plantes cultivées est en effet l’un des facteurs prioritaires de réussite afin de mener la culture à son terme. Afin de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires herbicides, le suivi au millimètre par guidage des plantes cultivées permet d’une part de ne pas endommager la culture semée, et d’autre part de combattre efficacement les autres plantes qui lui font concurrence. Cette technologie s’inscrit donc dans les programmes d’agriculture durable aussi en termes d’environnement, puisqu’elle permet de réduire les quantités d’intrants, tandis que s’améliore la gestion des cultures selon leurs besoins et par rapport aux rendements. Et cette optimisation des opérations pèse également sur la consommation de carburant, qu’elle réduit.
La géolocalisation répond aux attentes environnementales de la société envers l’agriculture, notamment en ce qui concerne la réduction de produits de type herbicide. Cependant, il faut se rendre compte que cette technique doit être adaptée pour chaque culture (intervalle et largeur entre les graines différentes d’une culture à l’autre) et selon la plage d’intervention en lien avec la météo. Les agriculteurs sont prêts à investir dans ces technologies qui augmentent leurs coûts de production, ceci en contrepartie d’une différenciation de prix de leur produit.