Bœuf suisse et or bleu: mise au point!

Bœuf suisse et or bleu: mise au point!

Combien de litres d’eau pour 1 kg de viande de bœuf suisse? Pourquoi le ratio de 15’000 L d’eau pour 1 kg de viande est-il surévalué? De quoi parle-t-on réellement et quelles sont les solutions trouvées pour économiser cette ressource précieuse dans la pratique de l’élevage bovin en Suisse?

Quel type d’élevage et quelLE production?

L’eau est indispensable à toute production alimentaire, qu’elle soit végétale ou animale. En Suisse, les législations sur l’environnement et l’agriculture règlent les pratiques agricoles en relation avec l’eau. Dans l’élevage en particulier, lorsqu’est abordé le thème de la consommation d’eau, une erreur commune est de parler de «l’élevage», sans faire de distinction entre les espèces (moutons, poules pondeuses, vaches allaitantes, vaches laitières, etc.) ni les types de production (production de viande, production laitière, etc.) Naturellement, les chiffres ne sont pas les mêmes selon de quoi il retourne exactement. Un exemple tout simple: une vache laitière, pour produire du gruyère, consommera 70 à 150 L d’eau par jour (variation saisonnière), alors qu’une vache destinée à la production de viande consommera 35 à 75 L d’eau par jour. Il est donc parfois possible de tomber sur des généralités abusives envers lesquelles il est bon de garder un esprit critique.

D’où vient l’eau utilisée?

La Suisse jouit d’un gros avantage par rapport à de nombreux autres pays: les ressources naturelles en eau sont multiples (glaciers, lacs, rivières, etc.) et les précipitations annuelles sont abondantes. Les familles paysannes profitent donc majoritairement de «l’eau verte», c’est-à-dire l’eau de pluie qui arrose naturellement les prairies qui sont ensuite pâturées par le bétail d’élevage.

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Les vaches mangent majoritairement de l’herbe et du foin qui sont irrigués naturellement par l’eau de pluie. Il n’y a donc que l’eau bleue et l’eau grise qui entrent en concurrence avec la consommation humaine. Source: Agridea, «Des faits sur l’empreinte écologique de la production bovine», p.11.

15’000L ou 550L d’eau pour 1 kg de viande?

Vous avez peut-être déjà entendu qu’il faudrait 15’000 L d’eau, soit 15 m³, pour la production d’un kilo de viande. Mais d’où vient ce chiffre? Ce calcul est en fait basé sur une méthode appelée «water footprint», qui a été élaborée pour évaluer la consommation d’eau sur des sites industriels et non des activités reposant sur des cycles biologiques comme l’élevage. Elle n’est donc pas directement applicable au monde agricole et le résultat qui en découle n’est donc simplement pas exact.
En réalité, la communauté scientifique semble s’accorder sur environ 550-750 L d’eau bleue utilisée pour la production d’un kilo de viande de bœuf. À titre de comparaison, on compte environ 60 L pour une douche, 100 L pour une lessive et jusqu’à 200 L pour un bain. Globalement, en Suisse, ce sont en moyenne 297 L d’eau potable qui sont utilisés quotidiennement par personne (statistique de 2020).

Pistes d’amélioration dans les élevages

Qu’ils s’agissent de raisons climatiques (l’eau manque toujours plus en été) ou économiques (les coûts de l’eau n’ont fait qu’augmenter ces 30 dernières années en Suisse!), les exploitations d’élevage mettent différentes pratiques en œuvre pour réduire leur consommation d’eau.

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Une solution réside dans la recherche de cultures d’affouragement plus économes. Aujourd’hui, en Suisse, le maïs est principalement cultivé pour les animaux et nécessite parfois un peu d’irrigation. Statistiquement, cela couvre 7% des besoins d’irrigation dans le secteur (en sachant que cette statistique mélange tant bien les céréales à destination humaine qu’animale). Une réflexion est donc en cours: par quelle culture, moins gourmande en eau, peut-on le remplacer? Dans le même ordre d’idée, la réflexion porte également sur des herbages plus résilients en période sèche.

Une autre solution: stocker l’eau de pluie! L’idée ici est d’avoir des bassins de récupération pour la conserver et l’utiliser quand elle vient à manquer. Certains bassins se construisent même sur le toit des fermes. Sur les alpages, on construira par exemple des étangs pour stocker l’eau des neiges en hiver.

Certaines exploitations réfléchissent également, lorsqu’elles tirent de l’eau sur le réseau d’eau potable, à l’utiliser intelligemment et à plusieurs fins. Par exemple, sur une exploitation laitière, on nettoiera les équipements de traite avec de l’eau bleue pour des raisons d’hygiène, mais une fois cette eau utilisée, bien qu’un peu de lait puisse se trouver mélangée à celle-ci, elle sera également utilisée pour nettoyer une partie des sols de la salle de traite. Cela évite de puiser à nouveau de l’eau claire.


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